La dernière fois que je vous ai laissé·es, je vous disais que tout n’allait plus pour le mieux.



En effet, après un délicieux repas chez HolyBelly pour un anniversaire, je me suis trainée chez moi. Je passe le reste de l’après-midi dans mon lit, à ne rien faire de bien impressionnant. Et je tousse. Je ne tousse qu’une fois, mais ça suffit pour me dire “oh oh”. Le périnée est un muscle qui, lorsque l’on est enceint·e, perd de sa tonicité et les fuites urinaires sont plus fréquentes. C’est désagréable, mais on fait avec. Prenez donc soin de votre périnée, et cela même si vous ne comptez pas donner la vie.
La sage-femme nous avait dit, lors d’un cours de préparation à l’accouchement, que le plus simple pou savoir s’il s’agissait d’une fuite urinaire, de glaire cervicale ou de liquide amniotique était de tout simplement sentir. Voilà, ce n’est toujours pas glamour mais c’est comme ça. C’est bête comme chou, mais sans ça je crois que je n’aurais pas eu le réflexe de sniffer ma culotte.
Sauf que dans ma culotte, ça ne sent pas l’urine. Ca ne sent rien. Et là, je suis mi-paniquée mi-chill, j’envoie un message à Clément pour lui dire que je crois qu’il va falloir aller aux urgences pour contrôler. En attendant, j’enfile une culotte de règles car ça coule toujours. J’ai l’impression d’être un robinet laissé ouvert (ne me remerciez pas pour l’image).
Clément rentre et on y va. On ne prend rien, car de tout façon rien n’est prêt. Juste une serviette à mettre sous mes fesses. Et on attend. Longtemps. Mais ça va. Et puis finalement, on vient me chercher pour m’ausculter. Entre mes jambes, ça coule toujours. J'enlève ma culotte de règles pour mettre une de leurs serviettes géantes. Et je crois qu’en quelques heures, je la changerai trois ou quatre fois.
La sage-femme doit faire un test pour confirmer que le liquide est bien amniotique. J’ai la droit à mon premier toucher vaginal, d’ailleurs le premier et avant-dernier.
Mon col est dilatée à deux.
Et là je crois que c’est la douche froide. Et ensuite un coup de karscher d’eau glacée quand on me dit que c’est bien du liquide amniotique et qu’ils vont devoir me garder. Que tout d’abord, je vais être mise dans une salle de travaille par précaution, si l’accouchement commence dans les prochaines heures.
Les souvenirs sont un peu flou, car j’étais inconsolable. Et y repenser me pique les yeux. Sur le moment, je suis complètement effrayée. Ils sont beaucoup trop petits pour naître maintenant, on est à peine sorti du risque de grande prématurité. Rien n’est prêt chez nous.
Ni une ni deux, on me pique la fesse avec une injection de corticoïde. C’est ce qu’on appelle la corticothérapie, elles sont faites lorsqu’il y a un risque d’accouchement prématuré et permettent une maturation plus rapide des poumons. J’aurais la même, mais dans l’autre fesse dans 24h1, histoire de ne pas faire de jaloux. Ces injections sont douloureuses, je sens le produit froid se diffuser dans ma fesse et elle reste douloureuse une bonne demi-heure.
On nous emmène en salle de travail, on nous apporte de quoi manger. Il doit être 2h du matin, et nous n’avons rien mangé depuis le déjeuner de la veille (heureusement que je m’étais rempli la panse de pancakes). Il y a une fenêtre haute qui donne sur la rue, pas de volets. Je m’en souviens car la lumière des lampadaires m’empêchaient de m’endormir. Et au réveil, le son des camions de poubelle me réveille.
RAS. Je suis transférée en chambre, je pense que c’est un étage pour les femmes sans enfants car je n’entends pas un seul bébé du séjour. Le temps est plutôt long, heureusement que j’ai la visite d’une amie, de mon mari et que j’ai lu deux romans. J’ai aussi l’iPad et la Switch pour m’occuper.



Si je me souviens bien, j’ai lu Les Vallées closes de Mickaël Brun-Arnaud qui ne m’a pas plus marqué que ça, et j’avais commencé le tome 3 des Enchanteresses de Sophie Gliocas. Ce dernier, je ne peux que m’en souvenir car je l’ai terminé en le lisant à haute voix à mes tous petits bébés.
Si vous avez déjà été hospitalisé·es, avez-vous remarqué comme le temps est différent ? Tout parait si long. Cette perception du temps qui change selon nos conditions de vie me fascine. Durant ces 5 jours, tout n’était ponctué que par les visites que je recevais, les examens à faire, le jour à la nuit…
Rien de passionnant, si ce n’est une échographie qui m’aura mi-angoissée mi-rassurée. Avec une échographiste mi-sympa mi-saoulée. J’étais seule, inquiète et je filmais l’échographie pour l’envoyer à Clément. Jusqu’à ce qu’elle me dise que « ça ne servait pas à grand chose ». Pour la première fois de ma grossesse, je crois m’être sentie infantilisée.
C’est quelque chose que j’ai souvent lu chez les personnes qui attendent un enfant : ce sentiment d’infantilisation. Je n’ai rien contre le corps médical, surtout que j’ai toujours été très bien reçue et considérée, mais cette fois-ci m’avait déstabilisée. Il n’y avait pas grand chose de bienveillant dans ce rendez-vous, bien qu’on m’ait dit que les bébés allaient bien.
C’est aussi après un passage à l’hôpital que l’on prend compte de l’ampleur des manques de moyen dans les hôpitaux. Les locaux sont parfois à la limite du vétuste, les soignants sont débordés et cela peut parfois expliquer qu’ils n’aient pas le temps d’être doux avec nous… C’est une triste réalité.
Mais outre ce moment de l’échographie, je n’ai rencontré que du personnel médical sympathique. Une pédiatre le premier jour passe nous voir pour nous expliquer ce qui arriverait si j’accouchais dans les prochains jours : une prise en charge en réanimation, soins intensifs ou néonatalogie selon les besoins des enfants, qu’il y avait aussi l’unité kangourou2. On nous explique qu’avec les injections que j’ai reçu, ils pourraient savoir respirer d’eux-mêmes. Et enfin que si tout va bien, ils pourront envisager d’hospitaliser nos bébés dans une maternité plus proche de chez nous et d’un niveau inférieur.
Les maternité sont catégorisée en 3 niveaux, nous avions choisi une de niveau 3 car les grossesses gémellaires sont plus à risque. Je suis loin d’être experte, mais pour ceux que ça intéresse, voici les types de maternité :
Niveau 1 : maternité normale, sans service de néonatalogie ;
Niveau 2 : ici, vous trouverez un service de néonatalogie ;
Niveau 3 : le top du top pour les cas compliqués, avec un service de réanimation, de soins intensifs et néonatalogie.
Ensuite il y aussi tout ce qui est maison de naissance, mais dans le cas de ma grossesse, je n’avais pas le choix que d’être suivie en maternité et de préférence en niveau 2 ou 3. Avec du recul, nous avons bien fait de choisir celle où j’ai été suivie.
Les sages-femmes et infirmières qui viennent me voir, pour prendre mes constantes et faire le monitoring, sont adorables. J’ai aussi le souvenir d’une sage-femme qui s’appelle Suzanne que je n’ai vu que le premier jour, mais qui avait été d’une douceur inégalable et que je croiserais plus tard3.
Je découvre ce que sont des contractions. J’ai mal au ventre, et cela ressemble à une envie pressante, je décris cette « douleur » ainsi aux soignants qui me répondent tout simplement que ce sont des contractions. Alors on me donne du Doliprane et du Spasfon4, et ma foi une heure après je n’ai plus rien.
L’évènement marquant sera quand même l’Eurovision que nous regardons sur le mur de ma chambre, avec notre vidéo projecteur que Clément a ramené de chez nous. Ce qui fera bien rire les infirmières qui passent.
Tous les jours, on me dit que je pourrais peut-être rentrer chez moi le lendemain. On attend de voir si mon état se stabilise. Depuis ma découverte de ce qu’est une contraction, je n’en ai eu pas d’autres, les monitorings sont bons, je n’ai pas de fièvre…
En effet, lorsqu’une poche est fissurée, il y a un risque d’infection pour le bébé et la mère. Dans tous les cas, on ne dépasse pas les 36 SA car au-delà les risques sont plus importants.
On finit donc par me renvoyer chez moi, avec ce qu’on appelle une HAD, Hospitalisation à Domicile, et la recommandation de ne plus rien faire… Je vais devoir vivre comme une petite vieille au moins 3 semaines, ce qui ne me gonfle un peu, moi qui avais été assez active durant une bonne partie de ma grossesse : yoga, marche… L’HAD s’agit d’une visite quotidienne d’une sage-femme pour faire un monitoring, afin de vérifier que tout va bien. J’ai la sage-femme au téléphone, elle m’a l’air gentil et on prévoit une visite le lendemain de mon retour pour 9h30.
Et ensuite, il prévoit un déclenchement à 36SA.
Bref, le mardi 16 mai, je rentre chez moi et retrouve mes premiers enfants, mes chats. On se pose, enfin, et on se dit qu’on fera la valise pour la maternité le week-end qui vient. On va au lit, et j’ai l’impression d’avoir dormi du sommeil du juste.
C’est là que je suis bien contente d’avoir un compte Letterboxd et un Goodreads pour y noter ce que je vois et lis.



Je ne vais plus autant que cinéma qu’avant, j’avais peur que ces sorties me manquent mais finalement pas tant que ça. Le public étant insupportable depuis quelques années maintenant (ceux qui parlent et sont sur leur téléphone pendant le film, je vous juge très fort), je préfère regarder les films chez moi (en scrollant mon téléphone et faisant des remarques à Clément, hihi). Je choisis donc bien les films que je vais voir dans les salles obscurs.
Et j’ai pu voir MaXXXine en avant-première, en présence du réalisateur : Ti West. Il s’agit du dernier film de sa trilogie, ce qui n’était au départ qu’un film d’horreur tournée pendant le Covid, ils ont voulu profiter d’être coincé en Nouvelle-Zélande pour en faire un deuxième, et enfin ils ont réalisé un troisième film dans un cadre tout à fait différent : Hollywood des années 80. J’adore X, un vrai film d’horreur qui rend hommage aux films des années 70, Pearl était un excellent préquel toujours aussi violent mais un peu plus psychologique, et enfin MaXXXine… J’ai beaucoup aimé le côté plus thriller qui prend ce film, Mia Goth (qui joue dans les trois films) est incroyable. Tu West voulait qu’on rit, pleure, profite de ce dernier film : c’est réussi.
Côté roman, j’ai découvert Plein nord d’Andrew J. Graff, aux éditions Gallmeister (ma ME favorite, si vous voulez tout savoir). Il s’agit de l’histoire d’une famille qui va reprendre une entreprise de rafting dans le Wisconsin, alors que leur couple bat un peu de l’aile. Les personnages étaient attachants, les descriptions des sorties en raft m’ont donnée l’impression d’en faire et je n’ai pas été insensible au message écologique du roman. le résumé peut sembler barbant, mais je vous assure qu’il nous fait voyager et qu’on a très vite, enfin de savoir, si Sam et Swami vont réussir à affronter leurs problèmes.
Les podcasts continuent de m’accompagner les journées, et dernièrement j’ai rattrapé et fini tous les épisodes du podcast de Sophie Riche (vous la connaissez peut-être pour sa période chez Mademoizelle) : Attendre d’attendre un enfant. Elle nous y raconte son désir d’enfant et son parcours PMA avec sa compagne. C’est très intéressant, surtout pour le point de vue médical, légal et par conséquent politique. Elle se confie avec beaucoup d’humour. J’ai été beaucoup émue par ce qu’elle nous raconte.
Il y a eu d’autres lectures, films et podcasts, même musiques et séries, mais voici les trois qui m’ont le plus marqué.
A plus dans l’bus !
Il me semble que c’était ça, les souvenirs sont assez flou et j’avoue avoir la flemme de lire le compte rendu de l’hospitalisation, je crois même l’avoir égaré.
Une chambre plus grande, où un bébé qui en a besoin peut être pris en charge, mais cela évite que parents et enfants restent ensemble, il me semble que la durée de séjour est d’environ 15 jours.
Je ne sais rien d’elle d’autre que son nom et prénom, je ne me souviens plus tellement de son visage, mais sa gentillesse m’a marquée à jamais. J’ai les larmes aux yeux en y repensant.
Quelques mois après, je tombe sur une étude comme quoi ça ne sert à rien, que c’est plus un placebo qu’autre chose. Je me demande bien pourquoi on nous en prescrit encore 🤡
Et si tu n'avais pas toussé ? 😱 quel récit ahalala, merci de partager ça avec nous !