#7 Dans les notes de mon téléphone
J'ai retrouvé ça dans mes notes, un brouillon de ce que je voulais écrire et que j'avais dicté un soir de novembre 2024.
Ça fait un moment que je me dis que je dois vraiment vraiment écrire ce numéro sur l’accouchement, ça fait un an et demi que j’ai accouché et pourtant je n’y arrive pas. J’adore parler de mon accouchement, je le trouve assez fou et je trouve qu’il me rend forte. Et pourtant quand j’y pense, j’ai juste envie de pleurer parce que même si ça fait un an et demi je crois que je n’ai toujours pas fait le deuil de l’accouchement qui me faisait rêver. C’était pourtant sûr que mon rêve était utopique, il est peu probable d’avoir l’accouchement de ses rêves… Mais même si je le savais mais j’imaginais quand même quelque chose de différent pas celui que j’ai eu.
Il était trop rapide, trop soudain, je savais qu’il serait très médicalisé car c’était une grossesse à “risque”1 mais je ne pensais pas que ça irait si vite, je crois que c’est ça qui m’a vraiment chamboulée… C’était tellement rapide. Trop. Et je suis restée plusieurs heures sans mes bébés, et je me demande si c’est quelque chose qui “guérira” un jour.
Je sais que je devrais consulter une psy, j’en ai vu une, mais peut-être pas assez longtemps. C’était une psy de la PMI, le suivi était donc gratuit et je n’avais pas envie d’abuser. Je ne me sentais pas légitime parce que au fond j’avais accouché, je n’avais pas eu de soucis, mes enfants allaient bien malgré la prématurité… Sur le moment, je me sens légitime de rien et je crois que c’est pour ça que je peine à écrire sur mon accouchement.
Parce qu’en parler rapidement comme ça, à certaines personnes ça va mais l’écrire ici d’abord pour moi et puis pour vous qui me lisez ça me fait quelque chose ça. J’ai l’impression de mettre à nu toutes mes failles, mes blessures. Des choses que normalement on garde pour soi.
Et pourtant j’ai envie d’écrire dessus. J’ai envie de partager, j’ai envie que certain·es soient rassuré·es ! Mais il y a quelque chose qui me bloque, il y a sur le téléphone de Clément un enregistrement : c’est l’audio de l’accouchement. J’ai à la fois très envie de l’écouter et aussi peur. Donc je ne le fais pas, alors que je sais que pour écrire sur mon accouchement il faut que je l’écoute, que je me replonge dans ces 20 minutes (il me semble que l’audio fait 20 minutes) et aussi que je repense à tout ce qui s’est passé avant. Et c’est là aussi où je me dis “Waouh quand même je suis forte mais en fait toutes les femmes qui sont fortes !”.
C’est juste que je ne me sens pas légitime, j’ai peur de donner l’impression de me plaindre de cet accouchement. Parce que tout le monde me dit que j’ai beaucoup de chance, c’était rapide… Mais justement, mais moi je voulais pas que ce soit aussi rapide. Je crois que les gens se rendent pas compte de ce qui se passe quand ton cerveau n’est pas prêt. Avec le recul, il m’arrive de me demander si je n’ai pas fait une dissociation pendant et après mon accouchement2. J’avais encore un peu au ventre mais vraiment un tout petit peu, mais je me sentais vide et j’avais l’impression que rien n’était arrivé. Je n’avais pas l’impression d’avoir accouché. J
e pense que je vais finir par réussir à l’écrire, sauf que peut-être en attendant j’écrirai sur autre chose. Peut-être des sujets plus léger, mais ça viendra. Enfin des sujets légers… Il y a dans mes brouillons juste un post sur la solitude 🤡
Voilà ce que j’ai retrouvé dans mes notes. Je me suis dit qu’il fallait que je le poste, histoire de me promettre de l’écrire un jour ce récit et peut-être d’aller voir une psy (vous avez le contact de celle dans le podcast Tiroir Caisse ? Elle a l’air incroyable !) 🤝🏻 J’ai bien sûr retravaillé un peu le texte, il y avait des passages incompréhensibles à cause de la dictée vocale… Mais j’ai essayé de le laisser le plus brut possible.
Les grossesses gémellaires ne sont pas forcément plus à risques qu’une simple, mais c’est tout de même beaucoup plus médicalisé dans certaines maternités.
Loin de moi vouloir me prendre pour une psy, même si j’adore m’auto psychanalyser. C’est pour ça que je dis que je devrais peut-être consulter.
Accoucher et ce qu'il y a de plus puissant, incroyable et inexplicable au monde. Et toutes tes émotions sont légitimes. Accouchement rapide ou non (le mien a duré 35h) on a toutes le droit d'avoir des regrets ou autres. Sois fière de toi 💓
Moi je veux le lire, je veux que tu m’en parles, même si je ne pourrai jamais comprendre comme une maman, je pourrais juste mieux te comprendre toi et t’épauler quand ça ne va pas ❤️